Laboratoire BABEL

EA 2649
Langages, littératures, civilisations et sociétés

Conférence sur « Le discours électoral des députées sous la Ve République : entre tournants manqués et accélérations de l’histoire » de Magali Guaresi. Journée du 1er Février 2018

Le second XX° siècle français connaît une féminisation inédite des institutions politiques. En 1958, lors de la première législature du régime quinto-républicain, les femmes sont moins de 2% des élu.es ; en 2017, elles sont 38% à siéger à l’Assemblée nationale. Toutefois, ce net progrès quantitatif ne saurait être qualifié de révolution tant le processus d’entrée des candidates au Palais Bourbon fut long et difficile (Sineau 2011).
Précisément, cette contribution se propose d’en décrire les rythmes, les accélérations et les ruptures à partir de l’analyse d’un corpus de professions de foi d’élu.es député.es entre 1958 et 2012 (près de 900 textes pour 700 000 occurrences). Texte emblématique des campagnes électorales, la profession de foi est l’un des dispositifs centraux de la construction identitaire des candidat.es et de leur engagement programmatique (Prost 1974). A ce titre, elle incarne un observatoire privilégié des représentations de la candidature légitime à une époque donnée. En particulier, elle reflète, en même temps qu’elle les perpétue ou les subvertit, les normes de genre (i.e. le système de bi-catégorisation hiérarchisée entre les sexes et les valeurs qui y sont associées) sur la scène politique.
Un traitement textométrique, exhaustif, systématique et chevillé à la matérialité linguistique des discours, permettra de définir une chronologie endogène au corpus de la parole féminine sur un empan mi-séculaire. Deux axes principaux seront suivis pour l’exposition des résultats. Il s’agira, d’une part, d’enrichir voire de nuancer les périodisations établies en histoire politique générale à l’aune des spécificités de l’histoire des pratiques discursives effectives des femmes. Une attention particulière sera accordée au non-événement que constitue la crise de mai 1968 dans l’évolution [féministe notamment] du discours électoral des députées. D’autre part, la communication reviendra sur les principales mutations du parler des impétrantes aux législatives, dans le contexte de l’alternance à gauche au tournant des années 1978-1981 puis lors de la décennie de revendications paritaires, dans le but de saisir les inflexions de la place des femmes dans la vie démocratique contemporaine.

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