Jeudi 15 et Vendredi 16 juin 2023
Bâtiment Pi • Amphi FA.010 • Campus de Toulon – Porte d’Italie
Organisateurs
Youssef FERDJANI
Gilles LEYDIER
LP
Karine TOURNIER-SOL
Ce colloque international sur l’actualité politique britannique se propose d’analyser l’évolution du Royaume-Uni au cours des trois dernières années, sous les mandats des Premiers Ministres conservateurs successifs, et notamment de Boris Johnson.
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A la fin 2019, le Royaume-Uni s’est en effet doté d’un nouveau Premier Ministre, Boris Johnson, pouvant désormais s’appuyer sur un large soutien majoritaire du parti conservateur à la Chambre des communes. Elu sur la promesse de mettre en œuvre le Brexit (« Get Brexit done ! ») après avoir été l’un des principaux promoteurs de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, et promettant au pays un réalignement géostratégique ainsi qu’une remise à niveau (« levelling up ») des territoires déclassés du nord anglais en rupture avec dix ans d’austérité économique, Boris Johnson s’est d’abord affirmé comme un leader atypique, dynamique et relativement populaire, au style populiste inédit, et dont le profil idéologique « attrape tout » a renouvelé le message idéologique et élargi la base sociologique du parti conservateur.
Son mandat à la tête du Royaume-Uni a par la suite été caractérisé par de nombreuses turbulences dans un contexte politique et sociétal difficile, marqué par une série d’écueils : les négociations sur la sortie de l’UE et les conséquences concrètes du Brexit pour l’économie et la géopolitique britanniques ; les difficultés liées au COVID-19 et la gestion de la crise sanitaire ; les tensions identitaires centrifuges menaçant l’intégrité de l’Union britannique, en Ecosse et en Irlande du nord en particulier ; la crise diplomatique et énergétique en relation avec la guerre en Ukraine ; les difficultés économiques liées à une croissance en berne, à la hausse de l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat de nombreuses catégories de la population ; enfin la montée des tensions sociales résultant dans une multiplication de grèves à un niveau inédit depuis trois décennies, ont constitué l’arrière-plan de la nouvelle donne politique mise en œuvre par la majorité conservatrice. La gouvernance de Boris Johnson a aussi été émaillée de nombreuses polémiques et scandales et la fin de son mandat à l’été 2022 a été particulièrement chaotique, sa démission forcée, puis ses remplacements successifs à la tête du Royaume Uni, d’abord par Liz Truss puis par Rishi Sunak, laissant une impression de confusion et d’instabilité institutionnelles au cœur de la démocratie britannique, ajoutant une crise politique aux multiples difficultés évoquées.
Dans le cadre de ce colloque, il s’agira d’établir un premier bilan de ses trois dernières années et de s’interroger sur l’évolution de la démocratie et de la société britanniques. On analysera notamment l’inscription de la politique de Boris Johnson dans la continuité ou en rupture avec l’héritage des précédents gouvernements conservateurs de David Cameron et Theresa May, et du degré de renouvellement de l’idéologie conservatrice. On s’intéressera également au style de leadership, de type charismatique, incarné par Boris Johnson, en comparaison avec ses prédécesseurs et dans un contexte international caractérisé par l’émergence de nombreux dirigeants populistes, et à sa réception dans l’opinion et les media britanniques. On analysera également l’état de fragmentation de l’Etat multinational britannique, ainsi que les contours de cette nouvelle identité britannique revendiquée, à la fois plus anglo-centrée et en lien avec l’« Anglosphere » et/ou le concept de « Global Britain », qui illustrerait une rupture avec les décennies précédentes et le retour à un ordre ancien et un passé glorieux. Il s’agira aussi de questionner le contenu concret et la portée des politiques mises en œuvre depuis 2019, dans les domaines économique et social notamment, ainsi qu’aux alternatives possibles portées par l’opposition et actuellement en gestation. Enfin les traces de la polarisation identitaire et des fractures sociologique, culturelle et électorale laissées par le débat sur l’intégration européenne sur la société comme sur la classe politique britanniques, seront aussi particulièrement observées, dans le contexte désormais acté du désengagement britannique de l’Union Européenne.