Laboratoire BABEL

EA 2649
Langages, littératures, civilisations et sociétés

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Séminaire 2024-2026 : « La Méditerranée : couleurs et émotions »

Coordination : Sandra Gorgievski, Youssef Ferdjani

La couleur est avant tout une «construction culturelle complexe» (Pastoureau, p. 7). En Méditerranée, la couleur manifeste ainsi les variations et les filtres liés à l’histoire du Mare nostrum, dans ses dimensions économiques, politiques, sociales et culturelles. Intimement associé aux émotions, le choix de la couleur révèle également la densité des affects que l’on projette sur la mer. Dans le cadre de ce séminaire diachronique, les intervenants proposeront des approches montrant l’évolution conjointe des couleurs et des émotions par des études théoriques ou des études de cas à travers le patrimoine architectural, littéraire et artistique des pays riverains du bassin méditerranéen, pour tracer les lignes de force d’un palette chromatique et émotionnelle en Méditerranée, de l’Antiquité à l’époque contemporaine.

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La Méditerranée est en effet loin de se réduire à la Grande Bleue des dépliants touristiques contemporains. La sémantique des couleurs permet de comprendre la complexité des points de vue, que l’on s’attache aux couleurs perceptibles à l’œil humain, aux conventions picturales utilisées pour représenter la mer sur les cartes, ou au sens symbolique des noms des mers. Pour Homère, le grand large n’est pas bleu, mais «semblable au vin» ou «à la violette», ses flots sont tour à tour «empourprés», «noirs ou sombres», les flots agités d’écume «blanchissent et deviennent gris» ; ce n’est qu’à la fin de l’époque archaïque que la Méditerranée sera qualifiée d’un «bleu sombre et profond» (Grand-Clément, p. 143-144). A l’époque médiévale, les géographies universelles et les cartes arabes avant le Xe siècle la peignent de pigment vert, puis bleu (lapis-lazuli) dans l’atlas d’Al-Idrisi produit en Sicile au XIIe siècle ; le bleu, couleur fortement valorisée en Occident, le vert ou l’écume blanche, colorent la mer Méditerranée dans les mappa mundi, atlas et portulans occidentaux (Vagnon). Pour les Ottomans, c’est une mer «blanche», dont le nom reprend la symbolique des points cardinaux (Calafat, p. 229). Une véritable «géographie de la couleur» (Lenclos) met en évidence les particularités chromatiques propres aux contextes géographiques, culturels et historiques dans l’habitat et dans ses représentations.

À l’époque moderne, la Méditerranée est célébrée par les écrivains du Grand Tour puis par l’émergence d’une société des loisirs dans la seconde moitié du XIXe siècle. La peinture symboliste substitue un paysage plus introspectif et propre à chaque artiste, dans une recherche de mythes ancestraux (Gaumont, L’atelier du midi, p. 134-139) et une poétique qui mêle éblouissement et émotions. Vincent Van Gogh y projette ses propres atermoiements : «La Méditerranée a une couleur comme les maquereaux, c’est-à-dire changeante. On ne sait pas toujours si c’est vert ou violet, on ne sait pas si c’est bleu, car la seconde après, le reflet changeant a pris une teinte de rose ou grise […] La mer est d’un outremer très profond» (Lettres à Théo, Saintes-Maries-de-la-Mer, Lettre du 4 juin 1888). Autour d’Henri Matisse, l’utopie sociale des peintres fait de la Méditerranée un motif de prédilection aux couleurs changeantes – mosaïques de points pour Matisse (Luxe, calme et volupté), pointillisme bleu et blanc pour Paul Signac (Au temps d’une harmonie), palette de bleus et verts pour Claude Monet (Antibes), dégradés de rose pour Théo Van Rysselberghe (Pin à la Fossette, La Porte Mansour à Meknès), blancheur immaculée pour Albert Marquet (La Place du gouvernement à Alger). Mais l’espace méditerranéen devient une mer «couleur de vin» évoquant la violence des combats sanguinaires de la deuxième guerre mondiale à Naples chez l’écrivain Curzio Malaparte (La Peau, p. 53). Son aspect irréel et intemporel, dû à sa lumière blanche extrême, est souligné dans les tirages en noir et blanc du photographe Bernard Plossu («L’Heure immobile. Métaphysique Méditerranéenne», Hôtel des Arts, Toulon, 20/05-18/06/2017).

Couleurs et émotions sont ainsi mises en valeur par les artistes occidentaux modernes :
«Lorsqu’on laisse les yeux courir sur une palette couverte de couleurs, un double effet se produit. 1. Il se fait un effet purement physique, c’est-à-dire l’œil lui-même est charmé par la beauté et par d’autres propriétés de la couleur. Le spectateur ressent une impression d’apaisement, de joie, comme un gastronome qui mange une friandise » (Vassili Kandinsky, p. 105). Tout est affaire personnelle, chaque couleur provoque une réaction différente. Suivant les prescriptions d’Eugène Delacroix : «Chacun sait que le jaune, l’orange et le rouge donnent et représentent des idées de joie, de richesse» (Paul Signac, p. 18). «Le bleu développe très profondément l’élément du calme. Glissant vers le noir, il prend la consonance d’une tristesse inhumaine» (Kandinsky, p. 150). La couleur provoquerait donc, en premier lieu, l’émotion : «Beaucoup plus que la forme – qui procède de l’idée, de la vision théorique –, la couleur est en relation avec les pulsions profondes, ingouvernables, liées à un narcissisme primaire, donc au principe de plaisir» (Carboni, p. 13). L’art de la couleur procède également de la musique et on peut mettre en liaison l’œil avec tous les sens, où chaque nuance a son équivalent musical : le bleu clair s’apparenterait à la flûte, et,au fur et à mesure que le bleu s’obscurcit, au violoncelle, à la contrebasse puis à l’orgue (Kandinsky, p. 150). La synesthésie est alors une forme sensible de la poétique de la couleur : «Les parfums, les couleurs et les sons se répondent» (Baudelaire, ‘Correspondances’) ; sur «l’immense clavier des correspondances», c’est encore Delacroix qui inspire le poète : «ces admirables accords de sa couleur font souvent rêver d’harmonie et de mélodie, et l’impression qu’on emporte est souvent quasi musicale» (Baudelaire, Curiosité esthétiques, p. 215 ; 241).

Bibliographie :

Ball, Philip, Bright Earth, Art and the Invention of Colour, London, Penguin, 2001, traduction française Histoire vivante des couleurs. 5000 ans de peinture racontée par les pigments. Paris, Hazan, 2005.

Calafat, Guillaume, «La Méditerranée des Ottomans : ‘mer Blanche’, titulature et province de la mer», dans Guillaume Calafat (ed), Une mer jalousée. Contribution à l’histoire de la souveraineté (Méditerranée, XVIIe siècle), Paris, Seuil, «L’Univers historique», 2019, p. 229-266.

Baudelaire, Charles, Les Fleurs du mal, Paris, Gallimard, «La Pléiade», 2024.

Baudelaire, Charles, Curiosité esthétiques, L’Exposition universelle de 1855, Paris, Michel Lévy frères, 1868-1870.

Carboni, Massimo, «L’Art et la couleur», dans Ivan Bargna, Roberto Cassanelli, Giovanni Curatola [et al.], La Couleur dans l’art, Paris, Citadelles et Mazenod, 2006.

Grand-Clément, Adeline, «La mer pourpre : façons grecques de voir en couleurs. Représentations littéraires du chromatisme marin à l’époque archaïque», Regard et représentation dans l’Antiquité, Pallas n°92 (2013) 143-161.

Kandinsky, Vassili, Du Spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, Paris, Denoël, 1989 [1911].

Lenclos, Jean-Philippe et Dominique Lenclos, Couleurs de la méditerranée, géographie de la couleur, Eyrolles, Editions du Moniteur, 2016.

Malaparte, Curzio, La pelle [1949], La peau, traduction française de René Novella, Paris, Folio, 2001.

Pastoureau, Michel, Bleu, histoire d’une couleur, Paris, Seuil, 2000.

Signac, Paul, D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme [1899], Paris, H. Floury, 1911.

Tamba, Irène, «La Méditerranée ou la mer Blanche : couleurs géographiques et noms de mer», ILCEA [En ligne], 37 | 2019 : http://journals.openedition.org/ilcea/8313

Vagnon, Emmanuelle, Cartographie et représentations de l’Orient méditerranéen en Occident (du milieu du XIIIe à la fin du XVe siècle), Turnhout, Brepols, 2013.

Le grand atelier du Midi. De Van Gogh à Bonnard – De Cézanne à Matisse, catalogue de l’exposition au Musée Granet, Aix en Provence, Musée des Beaux-arts, Palais Longchamps, Marseille, 11/06/2013-11/10/2013, Paris, Réunions des Musées nationaux, 2013

Programme à retrouver ici prochainement

Ramène ta thèse – Les rencontres doctorales du laboratoire Babel


Comité d’organisation

Laure Lévèque
Directrice Babel
Université de Toulon


Arnaud Richard
Directeur adjoint Babel
Université de Toulon

Annabelle Abello
Stagiaire Babel
Université de Toulon

Théo Lemaire
Stagiaire Babel
Université de Toulon


Télécharger le programme en version PDF.

Le mercredi 19 juin de 14h à 17h, le laboratoire Babel vous convie à venir participer à sa première édition des doctorales « Ramène ta thèse ! »
Venez nombreux participer à ce moment d’échange et de partage durant lequel les doctorants qui le souhaitent vous présenteront leurs travaux de recherche.
Chaque présentation durera environ 15 minutes. Des moments d’échanges sous forme de questions/réponses seront proposés toutes les trois présentations.

Au programme :

14h-14h10 : Accueil

14h10-15h10 : Session 1

Doctorat Sciences du langage linguistique :

JEAN-BAPTISTE Anne-Sarah : (en visioconférence)
Analyse du discours de campagne de prévention sanitaire : Le rôle de la communication dans la gestion de crise sanitaire en Haïti, de 2010 à 2020
Directeur de thèse : RICHARD Arnaud
Co-directeur : GOVAIN Renauld (Université d’état d’Haïti)

HACHEM Ronza :
Les éditoriaux francophones et anglophones de la presse libanaise et la situation migratoire du pays (2010-2020)
Directeur de thèse : RICHARD Arnaud

EL HAMMARI Jazia : (en visioconférence)
Analyse discursive comparée des JT francophones du week-end des chaines de télévision nationales marocaines et françaises
Directeur de thèse : RICHARD Arnaud

Session de questions/réponses

Pause

15h20-16h20 : Session 2

Doctorat Langues et littératures étrangères parcours anglais :

BERCQ Axel :
Factionnalisme et jeux d’influence au sein du parti conservateur britannique dans la période pré et post Brexit
Directrice de thèse : Tournier-Sol Karine

Krcan Irma : (présentation en anglais)
Reading the Anthropocene in the Contemporary Indigenous Australian Novel
Directrice de these: BEN-MESSAHEL Salhia

PARISSE Marion :
Généalogie/Héritage : écriture du territoire australien et post-réconciliation
Directrice de thèse : BEN-MESSAHEL Salhia

Session de questions/réponses

Pause

16h30-17h30: Session 3

Doctorat Langues et littératures étrangères parcours espagnol :

HERMOZA MERENDO Luis Miguel : (en visionconférence)
L’oeuvre de Gamaliel Churata : une émancipation panandine culturelle dans « El pez de oro » (1957) et « resurreccion de los muertos » (2010)
Directeur de thèse : GARCIA-ROMEU José

Doctorat littérature générale et comparée :

BEVILACQUA Corinne :
Enjouement et érudition dans la correspondance de Cicéron. Les lettres de l’année 46
Directeur de thèse : BERNARD Jacques-Emmanuel

Doctorat langue et littérature française :

CARDELLA Anna :
La recherche de la « méditerranéité » dans l’œuvre de Vincent Courdouan. Du paysage provençal aux côtes maghrébines.
Directrice de thèse : LEVEQUE Laure
Co-directrice : MICHEL-FAURE Valérie

Session de questions/réponses

17h30-18h30 : Pot de clôture

Afin de poursuivre ce moment d’échange en toute convivialité, nous vous invitons à la suite des présentations à un buffet partagé.

Venez nombreuses et nombreux !

Silvia Baron Supervielle : le pays de l’écriture

Les colloques de Cerisy : colloque avec séjour complet ou fractionné


Comité d’organisation

Renée DE CECCATY
(Direction)
écrivain

Axel Gasquet
Univ. Clermont Auvergne

Stavroula KATSIKI
Univ. Paris 8

Marc SAGAERT
Alliance Française

Martine SAGAERT
Univ. de Toulon

En présence de Silvia Baron Supervielle

En partenariat avec l’association des amis de Pontigny-Cerisy et Les Colloques de Cerisy


Se partageant entre son pays natal, l’Argentine, et Paris où elle réside, Silvia Baron Supervielle est
l’auteure d’ouvrages en français, de traductions (Borges, Cortázar, Yourcenar…) et d’autotraductions.
Ces expériences, nourries de lectures de textes et de toiles, la conduisent à interroger l’énigme que constitue le mot « langue ».

Le colloque invite à découvrir un Pays de l’écriture riche de la culture musicale
du Rio de La Plata, à explorer une œuvre dont la générosité et la liberté font poétiquement écho en nous.

Télécharger le bulletin d’inscription et le programme en version pdf

Calendrier provisoire [19/03/2024]

Jeudi 27 juin :

Après-midi : ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée : Présentation du Centre, des colloques et des participants

Vendredi 28 juin :

Matin :
René de CECCATTY, Axel GASQUET, Stavroula KATSIKI, Marc SAGAERT & Martine
SAGAERT : Introduction
Martine SAGAERT : Bibliothèque particulière, dictionnaire personnel et fulgurance d’une œuvre
José GARCIA ROMEU : Origine, langue et écriture dans Lettres à des photographies

Après-midi :
Alice PANTEL : Écrivains nomades et écriture plurilingue dans la littérature hispanique
contemporaine
Sato SONOKO : La présence d’un autre dans la poésie de Silvia Baron Supervielle
Éditer l’œuvre de Silvia Baron Supervielle, table ronde avec Silvia BARON SUPERVIELLE, René
de CECCATTY et Gérard PFISTER

Soirée : En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Film sur Silvia Baron Supervielle, en présence du réalisateur Mario Daniel VILLAGRA

Samedi 29 juin :

Matin :
Michel COLLOT : Silvia Baron Supervielle à la frontière
Lise GAUVIN : Écrire au bord des langues : les voyages inachevés de Silvia Baron Supervielle

Après-midi :
Claudine SAGAERT : Les écritures de la nostalgie
Anne-Marie FORTIER : Pliage et dépliage du temps dans la poésie de Silvia Baron Supervielle

Soirée :
En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Cabaret littéraire, textes : Silvia BARON SUPERVIELLE, direction artistique : Marc SAGAERT, flûte :
José LAZARO ÁLVAREZ PIZZORNO

Dimanche 30 juin :

Matin :
Axel GASQUET : Le creuset de l’écriture entre-deux langues : Silvia Baron Supervielle, l’exil de
l’intime comme territoire littéraire
Marc André BROUILLETTE : Écrire en perspective

Après-midi :
André-Alain MORELLO : Silvia Baron Supervielle, une autobiographie poétique
Jean-Philippe ROSSIGNOL : La peinture, la poésie : Silvia Baron Supervielle, Geneviève Asse et
Marguerite Yourcenar

Soirée :
En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Œdipe de Voltaire, lecture-spectacle mise en scène par Jean-Claude SEGUIN, par le Théâtre du Loup
Blanc, avec Marie GRUDZINSKI (Jocaste), Vincent DOMENACH (Œdipe) et Antoine HERBEZ
(Philoctète)

Lundi 1er juillet :

Matin :
Stavroula KATSIKI : « Ma langue dans son chant » : Silvia Baron Supervielle, traductrice d’autres voix
Maria Alejandra ORIAS VARGAS : Silvia Baron Supervielle : une langue de l’abstraction

Après-midi : DÉTENTE

Mardi 2 juillet :

Matin :
Aline BERGÉ : Un timbre décolonial, à la croisée des cultures
René de CECCATTY : Silvia Baron Supervielle, lectrice de soi et des autres

Après-midi :
Marc SAGAERT : Les intermittences du corps
Alain MASCAROU : Approches du sublime à travers Le Livre du Retour
Francisco ALVEZ FRANCESE : Sur la désorientation : langue et paysage chez Silvia Baron Supervielle
et Jules Supervielle

Soirée :
En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Si j’osais mon petit cœur, pièce de Yoland SIMON présentée par la Compagnie Aello (Cherbourg-enCotentin), mise en scène de Michel Beurton et Véronique Lucas, avec Alain BENOIST, Serge RITTER
et Nathalie TROCHU, suivie d’une lecture d’extraits des Incertitudes de Sophie et de N’en déplaise à
Voltaire par les participants du colloque

Mercredi 3 juillet :

Matin :
Peter SCHULMAN : Pages de voyage, voyages de pages : périples au fond de soi dans la poésie de
Silvia Baron Supervielle
Traduction et autotraduction, table ronde avec Silvia BARON SUPERVIELLE, René de CECCATTY
et Jesús David CURBELO (Se traduire et traduire)

Après-midi : DÉPARTS

Participation aux frais

  • Arrhes d’engagement : 150 € (étudiant de moins de 30 ans : 75 €)
  • Séjour complet (6 jours) : 720 € (Étudiant de moins de 30 ans : 360 €)
  • Séjour fractionné : 150 € par jour (Étudiant de moins de 30 ans : 75 € par jour)

L’association des Amis de Pontigny-Cerisy est un organisme déclaré au titre de la Formation professionnelle continue,
enregistré sous le numéro : 25 50 00326 50

16ème Journée Scientifique de l’UTLN

La fiction au cœur du dispositif numérique : qu’en est-il de sa valeur esthétique ?


Comité d’Organisation

Alessandro LEIDUAN
Université de Toulon

Valeria DE LUCA
Université de Limoges

Celine MASONI
Université Côte d’Azur


Dans le cadre de « la 16e Journée Scientifique de l’Université », organisée par l’Université de Toulon, l’équipe Textes et Livres du laboratoire Babel propose le colloque : La fiction au coeur du dispositif numérique : qu’en est-il de sa valeur esthétique ?

Télécharger le programme du colloque

L’enjeu du colloque est de mettre à l’épreuve la capacité des manifestations fictionnelles de l’ère numérique à satisfaire les conditions de recevabilité esthétique qui sont inscrites dans les catégories à travers lesquelles l’Occident a traditionnellement pensé, évalué et décrit les produits de l’art (Talon Hugon 2014). L’étude des manifestations fictionnelles de l’ère numérique ne saurait en effet se borner à décrire les modalités à travers lesquelles celles-ci actualisent les potentialités expressives inscrites dans la technologie numérique. La conceptualisation de la « transition numérique » dans le domaine de l’imaginaire artistique doit également se poser la question de savoir si les nouvelles formes d’expressivité artistiques satisfont aux conditions esthétiques qui présidaient à la consécration des fictions traditionnelles (sous peine de ne pas pouvoir appliquer à leur phénoménologie l’appellation de « fiction »).

La mise au banc d’essai esthétique des fictions numériques se heurte cependant à l’absence d’un cadre conceptuel suffisamment consensuel pour permettre l’inscription des genres imaginaires émergents dans des grilles de classification et d’évaluation partagées. De quel caractère opératoire peut-on encore créditer en effet la notion de fiction dans un contexte de panfictionnalisme exacerbé (Lavocat 2016) ? Quelle est la pertinence sémantique résiduelle d’une catégorie qui s’applique désormais, indistinctement et sans aucune restriction, aux pratiques culturelles les plus disparates ? Des jeux d’échecs (Caïra 2011), aux tarots divinatoires (Murzilli 2023), des canulars et hoaxes (Gattolin et Pessar 2011), aux entités mathématiques (Raymond 2021) ? Quelle est la part de l’esthétique dans cette déliquescence sémantique (et partant, opératoire) de la notion de fiction ? S’il est vrai, Schaeffer docet (1999), que la « fonction immanente » de la fiction est d’ordre esthétique, le processus qui a rendu actuellement inopérante, tant sur le plan descriptif qu’évaluatif, la notion de fiction ne puise-il pas ses racines dans l’histoire de la discipline esthétique ? N’est-il pas un effet du relativisme subjectiviste (Genette 1997, Schaeffer 1992 et 1996) méthodiquement théorisé vers la fin du XXe siècle par des chercheurs peut-être trop empressés de rompre avec la tradition pour s’apercevoir qu’ils allaient créer les conditions (sans doute involontairement) d’une inféodation durable de la vie artistique et esthétique de la société aux finalités de l’industrie capitaliste ? L’une des grandes faiblesses de l’esthétique relativiste est, en effet, de n’avoir rien à opposer aux arbitrages des « instances d’homologation publique » des œuvres d’art (autrefois les cénacles d’artistes, les connaisseurs ou les critiques, aujourd’hui le marché restructuré par le progrès technologique) sélectionnant et reconfigurant périodiquement la nature des « objets » éligibles à l’appréciation esthétique. Narration vidéo-ludique (Fulco 2002, Ringot 2020), récit interactif (Bouchardon 2005), récit variable (Lipsyc 2009), fiction hypermédiatique (Bourassa 2010), jeux narratifs et fictions ludiques (Ryan 2013), récit évolutif (Marti 2014), que peut encore dire (ou objecter) l’esthétique (relativiste) face à ces nouvelles formes de fiction numérique ? Par quels paramètres peut-elle encore priser leur valeur ? « Dès lors que tout choix est considéré comme arbitraire et subjectif, aucune critique d’un choix excessivement arbitraire n’est possible » (Rochlitz 1998 : 47). Si elle veut avoir un avenir, si elle ne veut pas servir de caution philosophique à la mainmise de la technologie numérique et de l’économie capitaliste sur l’imaginaire social, l’esthétique se doit alors de rompre avec le relativisme ambiant en restaurant, par voie « rationnelle » (Rochlitz 1998), les « filtres » qui rendaient autrefois possible une exposition sélective et pondérée de la société aux genres qui irriguent sa vie imaginaire. Le recours aux nouvelles technologies ne doit pas servir de cache-misère à des contre-performances artistiques, l’actualisation des potentialités expressives du numérique n’est pas, en soi, suffisant à compenser les carences d’une écriture imaginaire incapable de s’élever au niveau de recevabilité inscrit dans les concepts à l’aide desquels la culture a traditionnellement décrit, pensé et apprécié les produits de l’art.

Nous invitons les participants à ce colloque à désaligner leur perspective du panfictionnalisme et du relativisme esthétique aujourd’hui dominants (ou sinon à justifier leur décision de se rallier à ces positions hégémoniques) en abordant l’étude des nouvelles formes de scripturalité numériques à caractère fictionnel afin de déterminer leur nature générique (s’agit-il vraiment de fictions ? n’a-t-on pas plutôt affaire à des jeux ? peut-on faire l’amalgame entre ces deux pratiques culturelles ?) et d’en apprécier la valeur eu égard aux critères de conditionnalité esthétiques incorporés dans la notion « trans-historique » de fiction.

Les contributions pourront s’inscrire dans deux axes thématiques :

  • celui de l’esthétique, afin d’ouvrir des perspectives de recherche (d’ordre « critique », « historique », « métaphysique ») non alignées sur le relativisme aujourd’hui hégémonique ; 
  • celui de l’analyse des nouvelles créations numériques à caractère fictionnel, moins pour inventorier sur un ton émerveillé leurs fonctionnalités technologiques que pour les mettre à l’épreuve des paramètres esthétiques qui sous-tendent la catégorie culturelle de fiction.

Qu’est ce que « la Journée Scientifique de l’Université » ?

Durant la journée, six manifestations permettront de couvrir un large spectre des champs disciplinaires proposés à l’Université, regroupées autour de son axe identitaire Sociétés Méditerranéennes et Sciences de la Mer, et de ses trois pôles thématiques : Échanges et Sociétés en Méditerranée (ESMED), Mer, Environnement et Développement Durable (MEDD) et Information, Numérique, Prévention, Santé (INPS). Elles réuniront des intervenants, venus de la France entière et de l’international.

Les Journées Scientifiques de l’Université de Toulon poursuivent depuis leur origine en 2006, deux objectifs : rendre visible et lisible la recherche transdisciplinaire de l’Université de Toulon, et favoriser les échanges entre chercheurs, étudiants et acteurs socio-économiques.

Elles favorisent la reconnaissance de la qualité de notre enseignement académique, de l’insertion socioprofessionnelle de nos usagers et le développement des coopérations entre industriels et chercheurs de notre région et internationaux.

Elles sont réalisées avec le concours de la Métropole Toulon-Provence-Méditerranée, du département du Var et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Pour plus d’informations sur les différents colloques proposés et leurs programmes, cliquez ici

Mathurin Elise

Maître de conférences

Membre de l’équipe Sémantique, Enonciation, Discours


Domaine de recherche

Mes recherches s’articulent principalement autour de la forme it. Je m’intéresse, depuis ma première année de Master, à la question de la référence de it. J’ai élargi mon analyse de cet objet d’étude lors de ma recherche doctorale en examinant un maximum de ses emplois afin de proposer un tour d’horizon, aussi exhaustif que possible, de sa valeur référentielle. Mes travaux sont donc orientés vers la valeur sémantique de it dans différentes constructions syntaxiques (structures clivées et extraposées, dislocations à gauche et à droite, emplois dits « impersonnels » ou « dummy »), mais aussi sur des cas, pas toujours si « classiques » d’anaphore.
Mes recherches m’ont également amenée à me pencher sur des occurrences que l’on pourra qualifier d’atypiques : l’utilisation de it en tant que nom propre dans des fictions (Stephen King) ou élément à valeur adjectivale dans certaines expressions idiomatiques (an it-girl). Une analyse traductologique est parfois proposée pour rendre compte de la valeur sémantique et référentielle de ces cas de figure.
Mes travaux sont influencés par différentes approches linguistiques. Les enseignements que j’ai reçus à Aix-Marseille Université étaient essentiellement axés autour de la linguistique énonciative, plus particulièrement la branche culiolienne. Ma recherche doctorale m’a permis de faire un état de l’art du traitement de it dans d’autres grammaires : générative, cognitive et systémique fonctionnelle. Mes connaissances de cette dernière se sont renforcées lors de mon arrivée à l’Université de Bretagne Occidentale, où les enseignements en linguistique anglaise sont en partie soutenus par cette approche théorique. Aujourd’hui, mes travaux de recherche tendent à s’orienter vers une perspective cognitive. Des auteurs comme R. Langacker constituent notamment une référence importante dans les analyses que je propose.

Domaine d’enseignement

Grammaire et linguistique anglaise
Phonétique et phonologie de l’anglais
Traduction : version et thème

Parcours et formation

Postes

Depuis septembre 2023 : Maître de conférences en linguistique anglaise et traduction à l’UFR lettres de l’Université de Toulon. Licence LLCER anglais, Licence LEA, Master MEEF, Master TILT

Sept 2019- août 2023 : Maître de conférences en linguistique anglaise à l’UFR lettres et sciences humaines de l’Université de Bretagne Occidentale, Licence LLCER anglais, Master Rédaction/Traduction, Master TILE

Sept 2015-août 2017 : ATER au département d’anglais de l’UFR Lettres et sciences humaines d’Aix-Marseille Université, Licence LEA, Licence LLCER anglais et trilingue

Sept 2012-août 2015 : enseignante vacataire au département d’anglais de l’UFR Lettres et sciences humaines d’Aix-Marseille Université, Licence LEA

Responsabilités

Depuis janvier 2024 : Responsable des stages en pays anglophones, Licence 3 LEA, Université de Toulon

Depuis septembre 2023 : Référente relations internationales, licence LLCER anglais et LEA, Université de Toulon

2021- 2023 : Référente doctorant.e.s élue pour l’unité de recherche HCTI

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2021-2023 : Membre élue au conseil de laboratoire HCTI

2021- 2023 : Directrice du master Rédaction/Traduction, Université de Bretagne Occidentale

2020-2023 : Responsable du Master 1 Rédaction/Traduction, Université de Bretagne Occidentale

2020-2023 : Co-référente emploi du temps pour la licence LLCER anglais, Université de Bretagne Occidentale

2020-2023 : Responsable du programme d’assistanat France Éducation Internationale pour l’Université de Bretagne Occidentale

Participations à différents jurys et comités : soutenance de thèse, VAE, comités de sélection, jurys d’année, comités de suivi de thèse, commissions d’admissions

Diplômes et formation

2018 : Doctorat en études anglophones, spécialité linguistique, Aix-Marseille Université
Titre de la thèse : IT et la question de la référence, direction Monique De Mattia-Viviès
Jury composé de :
Laure GARDELLE : Professeur des universités, Université Grenoble Alpes, Rapporteur
Blandine PENNEC : Maître de conférences Habilitée à Diriger des Recherches, Université Toulouse II Jean Jaurès, Rapporteur
Pierre COTTE : Professeur émérite, Sorbonne Université, Président du jury
Laetitia LEONARDUZZI : Maître de conférences, Aix-Marseille Université, Évaluatrice
Monique DE MATTIA-VIVIÈS : Professeur des universités, Aix-Marseille Université, Directrice de recherches

2012 : Master 2 recherche L.L.C.E. Anglais, spécialité linguistique (mention Très bien), Aix Marseille université

2010-2011 : Assistante de français au Royaume-Uni (CIEP)

2009 : Semestre d’études (Master 1) aux États-Unis, Washington College

Publications

Chapitres d’ouvrage

Mathurin, Élise. “Is ambient it truly non-referential?” in Reference. From conventions to pragmatics, Gardelle, Laure, Laurence Vincent-Durroux & Hélène Vinckel-Roisin (eds.)[SLCS 228], 2023.

Ermakova, Liana; Miller, Tristan; Puchalski, Orlane; Regattin, Fabio; Mathurin, Élise; Araújo, Sílvia; Bosser, Anne-Gwenn; Borg, Claudine; Bokiniec, Monika; Le Corre, Gaëlle; Jeanjean, Benoît; Hannachi, Radia; Mallia, Ġorġ; Matas, Gordan & Saki, Mohamed. “CLEF Workshop JOKER: Automatic Wordplay and Humour Translation”. In: Advances in Information Retrieval. ECIR 2022. Lecture Notes in Computer Science, vol 13186. Springer, Cham. April 2022 https://doi.org/10.1007/978-3-030-99739-7_45

Ermakova, Liana; Bellot, Patrice; Kamps, Jaap; Nurbakova, Diana; Ovchinnikova, Irina; SanJuan, Eric; Mathurin, Élise, Araújo, Sílvia; Hannachi, Radia; Huet, Stéphane & Poinsu, Nicolas. “Automatic Simplification of Scientific Texts: SimpleText Lab at CLEF-2022”. In: Advances in Information Retrieval. ECIR 2022. Lecture Notes in Computer Science, vol 13186. Springer, Cham, April 2022. https://doi.org/10.1007/978-3-030-99739-7_46

Articles

Didi Alaoui, Mohamed & Mathurin, Élise. « For the love of IT® : Comment améliorer l’efficacité des slogans contenant le pronom IT ? ». Projectics / Proyéctica / Projectique 2020/3 (n°27) 55-73 : 2020 – hal-03126707

Mathurin, Élise. « Just do it.®, Because I’m worth it®, I’m lovin’ it® : la construction de la référence de IT dans le slogan publicitaire ». Études de Stylistique Anglaise 11, 59-84 : 2017.

Communications

Congrès

Congrès SAES Rennes 2023, Atelier ALAES/ALOES : « Fausse extraposition des adverbiales en if, when et since », 1 juin 2023.

Congrès SAES Aix 2019, Atelier de Stylistique : « Le nom propre : un emploi exceptionnel de IT ? », 8 juin 2019

Congrès SAES Reims 2017, Atelier de Stylistique : « Just do it®, Because I’m worth it®, I’m lovin’ it® : la construction de la référence de IT dans le slogan publicitaire »,1er juin 2017

Colloques

Colloque international LED 2021 Langues et discours : La référence : (co-)construction et exploitation : « Ambient It est-il vraiment non référentiel ? », Université Grenoble Alpes, 26 mars 2021

Journées d’étude

Journée d’étude « 1ère journée des doctorants du LERMA » : « Can a Pronoun be Described as Non-Referential? The Case of IT », LERMA Aix-Marseille Université, 5 mars 2016.

Journée d’étude jeunes chercheurs : « La syntaxe du discours indirect » : « L’extraposition et le discours indirect classique », 5 décembre 2014, LERMA Aix-Marseille Université

Journée d’étude « Work in Progress » : « La référence : en quoi est-elle problématique à définir ? », 20 juin 2014, LERMA, Aix-Marseille Université

Séminaires

Séminaire équipe « Sémantique, Enonciation, Discours » : « Vague, flou et ambiguïté référentiels : analyse du pronom it », Babel, Université de Toulon, 22 février 2024

Organisation d’événements

Membre du comité scientifique et du comité d’organisation du colloque international « Identités et constructions identitaires dans le discours et la langue », co-organisé avec Gaëlle Le Corre et Mohamed Saki, Université de Bretagne Occidentale, CRBC & HCTI, 18-20 Octobre 2023.
 
Membre du comité d’organisation du colloque international « Faire face aux discours de haine », Université de Bretagne Occidentale, HCTI, 28-30 septembre 2023.
 
Membre du comité scientifique et du comité d’organisation de la journée d’étude « Mots/Machines#5, Terminologie », Université de Bretagne Occidentale, HCTI, 17 mars 2023.

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Membre du comité scientifique et du comité d’organisation de la journée d’étude « Mots/Machines#4, Simplification et adaptation du texte », HCTI, Université de Bretagne Occidentale, 25 mars 2022.

Membre du comité scientifique et du comité d’organisation de la journée d’étude « Mots/Machines#3, Les machines ont-elles le sens de l’humour ? », HCTI, Université de Bretagne Occidentale, 5 mars 2021.

Membre du comité scientifique et du comité d’organisation de la journée d’étude « Mots/Machines#2, Traduction et sentiment : quel sens pour la machine ? », HCTI, Université de Bretagne Occidentale, 6 mars 2020.

Membre du comité scientifique et du comité d’organisation de la « 1ère journée des doctorants du LERMA », Aix-Marseille Université, LERMA, 5 mars 2016.