Laboratoire BABEL

EA 2649
Langages, littératures, civilisations et sociétés

Archives de catégorie Équipe « Sémantique, Enonciation, Discours »

Conférence de Vincent Nyckees – Le changement de sens dans l’histoire des langues : continuité ou discontinuité ? divagation ou adaptation ?

Conférence de Vincent Nyckees, professeur de linguistique à l’Université Paris Diderot, le mardi 12 mars à 17h en salle Y013 A (Campus de La Garde, UFR Lettres)

Entrée libre

L’histoire des significations dans les langues est souvent perçue comme un espace de déformation et de discontinuités. Cette perspective présuppose toutefois une irrationalité fondamentale des sujets parlants dans leurs pratiques linguistiques qui semble difficilement soutenable. Elle se révèle en outre stérilisante pour les recherches sur le changement sémantique. Il apparait autrement plus fécond et opératoire de concevoir l’histoire des significations comme un espace évolutif et adaptatif – perspective qui n’impose nullement, comme on le verra, de souscrire à un quelconque finalisme et, par exemple, de postuler un providentiel progrès travaillant l’histoire des langues.

On s’attachera également à montrer qu’une conception « essentiellement continuiste » de l’évolution sémantique, ancrée dans la temporalité des interactions, change en profondeur le regard que l’on peut porter sur les langues et sur leurs relations avec la pensée humaine.

Colloque international sur « Les postures énonciatives autour des propositions d’Alain Rabatel »

Les travaux d’Alain Rabatel ont apporté des éclairages décisifs à l’analyse des relations entre point de vue du narrateur et point de vue du personnage dans les récits de fiction, et ont permis de penser comme un continuum le passage des discours représentés aux perceptions représentées, en montrant le lien étroit entre exception et cognition. Plus largement ils ont montré qu’on ne pouvait dissocier énonciation et référenciation, et qu’une linguistique énonciative devait intégrer dans sa réflexion la question de la donation du référent à travers le lexique, l’organisation textuelle, la rhétorique et l’interaction des points de vue. Cette approche s’est révélée extrêmement féconde dans l’approche des figures, comme l’ont montré notamment les numéros de Langue française 160 (décembre 2008) et du Français moderne (LXXIX, 1, 2011), et elle a pu être étendue à l’étude du traitement médiatique des problèmes sociaux (Rabatel 2017). Elle a permis de cerner la notion d’argumentation indirecte et de montrer comment effacement énonciatif et dimension argumentative d’un texte (qu’on opposera, avec Amossy, à la visée argumentative explicite) pouvaient avoir partie liée.

Depuis 2003, ses travaux se sont également employés à définir des stratégies énonciatives en recourant à la notion de posture énonciative et en définissant des postures de sur-, sous- et co-énonciation.

La notion de posture énonciative a été utilisée par d’autres chercheurs, aussi bien en linguistique énonciative qu’en analyse de discours ou en sciences de l’éducation, mais elle n’a pas encore été discutée collectivement. Ce colloque se propose d’en explorer les contours et d’en approfondir la compréhension, sans faire l’impasse sur les éventuels problèmes que la notion peut soulever lors de sa mise en oeuvre.

La notion sera abordée selon cinq perspectives :

  • Les relations linguistique/pragmatique dans une perspective épistémologique
  • L’inscription des postures dans la matérialité linguistique
  • Les postures énonciatives et la conflictualité sociale
  • La variabilité des postures au fil des interactions
  • Les relations entre postures, dialoguiste, et éthos

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