Laboratoire BABEL

EA 2649
Langages, littératures, civilisations et sociétés

Archives de catégorie Équipe « Textes et livres »

16ème Journée Scientifique de l’UTLN

Colloque : La fiction au cœur du dispositif numérique : qu’en est-il de sa valeur esthétique ?


Comité d’Organisation

Alessandro LEIDUAN
Université de Toulon

Valeria DE LUCA
Université de Limoges

Celine MASONI
Université Côte d’Azur


Dans le cadre de « la 16e Journée Scientifique de l’Université », organisée par l’Université de Toulon, l’équipe Textes et Livres du laboratoire Babel propose le colloque : La fiction au coeur du dispositif numérique : qu’en est-il de sa valeur esthétique ?

Télécharger le programme du colloque

L’enjeu du colloque est de mettre à l’épreuve la capacité des manifestations fictionnelles de l’ère numérique à satisfaire les conditions de recevabilité esthétique qui sont inscrites dans les catégories à travers lesquelles l’Occident a traditionnellement pensé, évalué et décrit les produits de l’art (Talon Hugon 2014). L’étude des manifestations fictionnelles de l’ère numérique ne saurait en effet se borner à décrire les modalités à travers lesquelles celles-ci actualisent les potentialités expressives inscrites dans la technologie numérique. La conceptualisation de la « transition numérique » dans le domaine de l’imaginaire artistique doit également se poser la question de savoir si les nouvelles formes d’expressivité artistiques satisfont aux conditions esthétiques qui présidaient à la consécration des fictions traditionnelles (sous peine de ne pas pouvoir appliquer à leur phénoménologie l’appellation de « fiction »).

La mise au banc d’essai esthétique des fictions numériques se heurte cependant à l’absence d’un cadre conceptuel suffisamment consensuel pour permettre l’inscription des genres imaginaires émergents dans des grilles de classification et d’évaluation partagées. De quel caractère opératoire peut-on encore créditer en effet la notion de fiction dans un contexte de panfictionnalisme exacerbé (Lavocat 2016) ? Quelle est la pertinence sémantique résiduelle d’une catégorie qui s’applique désormais, indistinctement et sans aucune restriction, aux pratiques culturelles les plus disparates ? Des jeux d’échecs (Caïra 2011), aux tarots divinatoires (Murzilli 2023), des canulars et hoaxes (Gattolin et Pessar 2011), aux entités mathématiques (Raymond 2021) ? Quelle est la part de l’esthétique dans cette déliquescence sémantique (et partant, opératoire) de la notion de fiction ? S’il est vrai, Schaeffer docet (1999), que la « fonction immanente » de la fiction est d’ordre esthétique, le processus qui a rendu actuellement inopérante, tant sur le plan descriptif qu’évaluatif, la notion de fiction ne puise-il pas ses racines dans l’histoire de la discipline esthétique ? N’est-il pas un effet du relativisme subjectiviste (Genette 1997, Schaeffer 1992 et 1996) méthodiquement théorisé vers la fin du XXe siècle par des chercheurs peut-être trop empressés de rompre avec la tradition pour s’apercevoir qu’ils allaient créer les conditions (sans doute involontairement) d’une inféodation durable de la vie artistique et esthétique de la société aux finalités de l’industrie capitaliste ? L’une des grandes faiblesses de l’esthétique relativiste est, en effet, de n’avoir rien à opposer aux arbitrages des « instances d’homologation publique » des œuvres d’art (autrefois les cénacles d’artistes, les connaisseurs ou les critiques, aujourd’hui le marché restructuré par le progrès technologique) sélectionnant et reconfigurant périodiquement la nature des « objets » éligibles à l’appréciation esthétique. Narration vidéo-ludique (Fulco 2002, Ringot 2020), récit interactif (Bouchardon 2005), récit variable (Lipsyc 2009), fiction hypermédiatique (Bourassa 2010), jeux narratifs et fictions ludiques (Ryan 2013), récit évolutif (Marti 2014), que peut encore dire (ou objecter) l’esthétique (relativiste) face à ces nouvelles formes de fiction numérique ? Par quels paramètres peut-elle encore priser leur valeur ? « Dès lors que tout choix est considéré comme arbitraire et subjectif, aucune critique d’un choix excessivement arbitraire n’est possible » (Rochlitz 1998 : 47). Si elle veut avoir un avenir, si elle ne veut pas servir de caution philosophique à la mainmise de la technologie numérique et de l’économie capitaliste sur l’imaginaire social, l’esthétique se doit alors de rompre avec le relativisme ambiant en restaurant, par voie « rationnelle » (Rochlitz 1998), les « filtres » qui rendaient autrefois possible une exposition sélective et pondérée de la société aux genres qui irriguent sa vie imaginaire. Le recours aux nouvelles technologies ne doit pas servir de cache-misère à des contre-performances artistiques, l’actualisation des potentialités expressives du numérique n’est pas, en soi, suffisant à compenser les carences d’une écriture imaginaire incapable de s’élever au niveau de recevabilité inscrit dans les concepts à l’aide desquels la culture a traditionnellement décrit, pensé et apprécié les produits de l’art.

Nous invitons les participants à ce colloque à désaligner leur perspective du panfictionnalisme et du relativisme esthétique aujourd’hui dominants (ou sinon à justifier leur décision de se rallier à ces positions hégémoniques) en abordant l’étude des nouvelles formes de scripturalité numériques à caractère fictionnel afin de déterminer leur nature générique (s’agit-il vraiment de fictions ? n’a-t-on pas plutôt affaire à des jeux ? peut-on faire l’amalgame entre ces deux pratiques culturelles ?) et d’en apprécier la valeur eu égard aux critères de conditionnalité esthétiques incorporés dans la notion « trans-historique » de fiction.

Les contributions pourront s’inscrire dans deux axes thématiques :

  • celui de l’esthétique, afin d’ouvrir des perspectives de recherche (d’ordre « critique », « historique », « métaphysique ») non alignées sur le relativisme aujourd’hui hégémonique ; 
  • celui de l’analyse des nouvelles créations numériques à caractère fictionnel, moins pour inventorier sur un ton émerveillé leurs fonctionnalités technologiques que pour les mettre à l’épreuve des paramètres esthétiques qui sous-tendent la catégorie culturelle de fiction.

Qu’est ce que « la Journée Scientifique de l’Université » ?

Durant la journée, six manifestations permettront de couvrir un large spectre des champs disciplinaires proposés à l’Université, regroupées autour de son axe identitaire Sociétés Méditerranéennes et Sciences de la Mer, et de ses trois pôles thématiques : Échanges et Sociétés en Méditerranée (ESMED), Mer, Environnement et Développement Durable (MEDD) et Information, Numérique, Prévention, Santé (INPS). Elles réuniront des intervenants, venus de la France entière et de l’international.

Les Journées Scientifiques de l’Université de Toulon poursuivent depuis leur origine en 2006, deux objectifs : rendre visible et lisible la recherche transdisciplinaire de l’Université de Toulon, et favoriser les échanges entre chercheurs, étudiants et acteurs socio-économiques.

Elles favorisent la reconnaissance de la qualité de notre enseignement académique, de l’insertion socioprofessionnelle de nos usagers et le développement des coopérations entre industriels et chercheurs de notre région et internationaux.

Elles sont réalisées avec le concours de la Métropole Toulon-Provence-Méditerranée, du département du Var et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Pour plus d’informations sur les différents colloques proposés et leurs programmes, cliquez ici

Séminaire « Retours/Détours » de l’équipe Textes et livres

L’Apocalypse en français au Moyen Âge : retours textuels, détours intertextuels.

Mercredi 24 MAI 2023 À 16H00

Salle W1.115Campus de La Garde


Coordinatrice

Youssef FERDJANI

Hélène AVERSENG

helene.averseng@univ-tln.fr

Conférencier

LP

Louis-Patrick BERGOT

Université de Strasbourg


Cette conférence inaugurera le nouveau séminaire « Retours/Détours » de l’équipe Textes et livres du laboratoire BABEL.

Louis-Patrick Bergot, spécialiste de la réception de l’Apocalypse dans la littérature médiévale, y abordera les différentes traductions françaises de l’Apocalypse du XIIIe au XVe siècle, textes et images à l’appui, puis se penchera sur l’utilisation intertextuelle de l’Apocalypse, dans un corpus divers : La Somme le roi, Le Roman de la Rose, Les Sept Articles de la foi…

Journée d’études : « Attente, frontière et territoire dans Zama de Lucrecia Martel »

« Coordinateurs

José GARCIA-ROMEU et Jules-Charles SORBAC

Contact

jose.garcia-romeu@univ-tln.fr / jules-charles.sorbac@univ-tln.fr

MERCREDI 11 JANVIER 2023 À 9H00 – AMPHI Y1.008 – CAMPUS DE LA GARDE

Cette journée d’études est consacrée au film argentin Zama (2017) de Lucrecia Martel, adaptation du roman historique d’Antonio Di Benedetto intitulé également Zama (1956). Le film est une œuvre ambitieuse qui représente un jalon important dans la carrière de la cinéaste. Tout en demeurant fidèle au roman original, par l’emprunt en particulier des inflexions existentialistes propres au récit de Di Benedetto, Lucrecia Martel propose une relecture étroitement liée aux problématiques les plus actuelles (postcolonialisme, rapports de genre, transculturalité…) d’un moment historique spécifique, celui du crépuscule de l’Empire espagnol en Amérique.

Les choix esthétiques de Lucrecia Martel se prêtent ainsi aux jeux d’interprétations multiples que proposeront les conférenciers, universitaires français, qui contribueront à renforcer la connaissance de deux productions artistiques importantes (le roman et le film), à ce jour peu considérées par la recherche spécialisée dans le domaine hispano-américain.

CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PLATEFORMISATION DES FRANCHISES CINÉMATOGRAPHIQUES : L’EXEMPLE DE DISNEY+

Conférence animée par Anaïs Goudmand, de l’Université Paris-Sorbonne, dans le cadre du séminaire L’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques organisé par l’équipe Textes et livres du Laboratoire Babel.

Coordinateur : Alessandro LEIDUAN
Contact : alessandro.leiduan@univ-tln.fr

Mardi 13 décembre 2022 à 15h00 – B.U. la Garde – RDC – Salle Pédagogie innovante

En moins de dix ans, les plates-formes de streaming se sont multipliées et sont devenues un dispositif de visionnage incontournable, qui a entraîné une importante évolution des usages spectatoriaux, mais aussi des modes de production. Lancée en novembre 2019, la plate-forme Disney+ a permis la centralisation des franchises cinématographiques dont Disney détient la licence, en particulier Star Wars et Marvel. Cette conférence visera à interroger le modèle économique, technologique et culturel promu par Disney et ses conséquences sur les enjeux politiques de ces deux univers, notamment en ce qui concerne la représentation des minorités et sa réappropriation par les publics. Les films et séries destinés à Disney+ se caractérisent par la poursuite et l’intensification d’une politique progressiste en matière de diversité, qu’il faut se garder d’idéaliser dans la mesure où elle s’articule à des enjeux de rentabilité commerciale, et qu’il faut resituer dans la logique du paradigme postmoderne qui marque, selon Matthieu Letourneux, la production des fictions sérielles depuis les années 90.

MAFIAS ET TRANSMÉDIA : ENJEUX POLITIQUES DU RÉCIT CRIMINEL

Conférence animée par Manuela Bertone, de l’Université Côte d’Azur – Nice, dans le cadre du séminaire L’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques organisé par l’équipe Textes et livres du Laboratoire Babel.

Coordinateur : Alessandro LEIDUAN
Contact : alessandro.leiduan@univ-tln.fr

Vendredi 2 décembre 2022 à 10h00 – Salle Y. 013A – Campus de la Garde

En Europe comme ailleurs, on assiste à la diffusion de pratiques narratives transmédiales qui donnent le jour à un « nouveau récit criminel », un produit culturel multi support dont le succès assure une forte visibilité aux organisations mafieuses. Constamment exposées à notre regard, les mafias du monde sont les protagonistes d’une narration élargie qui alimente sans cesse de nouvelles histoires, au point de générer une sorte de mafiatisation des goûts et des préférences du public. Et les mafias, conscientes d’être mises en scène, participent à leur tour à la diffusion d’histoires qui les concernent, notamment sur les réseaux sociaux. Quelle est la fonction exercée, dans le monde d’aujourd’hui, par les différents protagonistes de la construction du nouveau récit criminel (auteurs, industries culturelles, public) ? Leurs investissements sont-ils le fruit d’une stratégie marketing, d’un engagement militant, d’un choix politique ? Quels sont les changements qui s’opèrent à différents niveaux (factuel, imaginaire, social) lorsque le sens se déplace vers des dispositifs ou des instruments autres que le support narratif originel (souvent, le livre) ?

EXPÉRIENCE MÉDIATIQUE AUGMENTÉE : LES FORMES SYMBOLIQUES EN JEU DANS LA TRANSMÉDIALITÉ

Conférence animée par Pierluigi Basso Fossali, de l’Université de Lyon 2, dans le cadre du séminaire L’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques organisé par l’équipe Textes et livres du Laboratoire Babel.

Coordinateur : Alessandro LEIDUAN
Contact : alessandro.leiduan@univ-tln.fr

Vendredi 25 novembre 2022 à 15h30 – B.U. la Garde, salle pédagogie innovante (rdc)

Normalement on estime que les médias fonctionnent comme une amplification de l’espace de référence avec des ancrages techniques qui deviennent supports pour l’accès à d’autres cadres d’expérience. Pourtant, il est facile de constater que les expériences médiatiques sont à leur tour médiées ; avant tout par l’environnement sensible d’accueil, avec ses contingences, et ensuite par la mise en abyme des dispositifs utilisés. En ce sens, des phénomènes de méta-médiation sont largement connus et pratiqués, trouvant une synthèse parfaite dans l’environnement de travail de notre ordinateur. La promotion d’une réflexion spécifique sur la trans-médialité, dont ce séminaire est un bon témoignage, indique évidemment des enjeux qui ne sont pas réductibles à la mise en abyme des médiations. D’une part, il y a une dimension traductive laquelle nous interroge sur les (in)équivalences effectives des versions de départ et d’arrivée, d’autre part, on rencontre une visée fédératrice à même d’intégrer plusieurs supports dans un projet de signification global. Si l’on pense à la trans-médiation comme opération perfective, bref strictement identifiable avec ses résultats, alors le modèle historique de référence peut être le Gesamtkunstwerk, l’œuvre d’art totale qui trouve sa concrétisation dans une mise en scène théâtrale dans laquelle toutes les muses peuvent s’exprimer en dialogue. Si l’on donne à la trans-médialité une interprétation ouverte et donc imperfective, alors la traduction de supports se signale moins pour ses aboutissements que par son exigence constante de relancer la signification selon une vie des formes. Si à la fin du XIXe siècle le théâtre est apparu comme le plateau idéal pour l’œuvre totale, aujourd’hui, sa résilience culturelle, face à la puissance des nouveaux médias, l’invite à réinterpréter sa vocation et à incarner l’inachèvement de la culture ; la performativité de l’inter-médialité techniquement acquise devient alors magie d’une trans-médialité artisanale qui souligne le « salto mortale » de chaque passage traductif. En ce sens, des cinéastes comme Jaco Van Dormael (voir Kiss and Cry, 2011 ; Cold Blood, 2015, réalisés avec la chorégraphe Michèle Anne De Mey) ont non seulement réinjecté le théâtre à l’intérieur du monde filmique (solution assez traditionnelle dans la perspective d’une remédiation), mais aussi confié à nouveau le spectacle cinématographique à la dimension événementiel d’un plateau et d’une expérience incarnée.

L’objectif de cette intervention est de faire émerger une trans-médialité à la fois critique et aventureuse qui procède selon des circuits de médiation qui nous offrent des nouvelles formes symboliques. Cela est l’indice d’une portée culturelle non éphémère et qui mérite alors d’être étudiée comme phénomène marquant de notre contemporanéité. En même temps, le critère de l’émergence de nouvelles formes symboliques peut être assumé comme révélateur de opérations trans-médiales stériles et qui parfois ne méritent même pas cette appellation.

L’APPROCHE TRANSMEDIATIQUE DE LA CULTURE POPULAIRE COMME RESSOURCE IDENTITAIRE DANS LA CULTURE GEEK

Conférence animée par David Peyron, de l’Université d’Aix-Marseille (site d’Arles), dans le cadre du séminaire L’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques organisé par l’équipe Textes et livres du Laboratoire Babel.

Coordinateur : Alessandro LEIDUAN
Contact : alessandro.leiduan@univ-tln.fr

Vendredi 18 novembre 2022 à 10h00 – Salle Y1.211

Il sera question ici de la narration transmédia abordée du point de vue du public au travers de travaux menées sur la culture geek et la transversalité des pratiques de celles et ceux qui s’en revendiquent. Aborder le transmédia, non pas uniquement comme dispositif médiatique ou technique, mais comme rapport à la culture situable historiquement et culturellement permet ensuite de l’analyser à l’aune des formes identitaires qui s’en dégagent. Cela invite alors à élargir le regard sur ce phénomène pour en faire un de traits typiques de l’évolution moderne du rapport des individus à leur définition de soi dans la société de ces cinquante dernières années, une évolution sociale et politique qui conduit à de nouvelles formes d’affiliations communautaires basées sur la fragmentation des pratiques, sur la revendication de cultures subalternes (culture non légitime, mouvement féministe, antiracisme) et sur une réflexivité identitaire accrue.

LA NARRATION TRANSMÉDIATIQUE : CONTINUITÉ OU RUPTURE POUR L’HOMO NARRANS ?

Conférence animée par Raphaël Baroni, de l’Université de Lausanne, dans le cadre du séminaire L’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques organisé par l’équipe Textes et livres du Laboratoire Babel.

Coordinateur : Alessandro LEIDUAN
Contact : alessandro.leiduan@univ-tln.fr

JEUDI 27 OCTOBRE 2022 à 15H30 – En visio-conférence sur Teams

Les productions transmédiatiques contemporaines sont aujourd’hui souvent présentées comme des univers en expansion a priori illimités, qui auraient fait disparaître la distinction entre un texte (ou une « constellation » de textes) et sa périphérie. Considérer que certains éléments transfictionnels relèvent malgré tout de la paratextualité impliquerait d’établir une hiérarchie entre un centre narratif et sa périphérie, de sorte que des portions de la diégèse pourraient être interprétées comme constituant un simple paratexte, généralement à fonction promotionnelle, pour un récit plus restreint, qui constituerait le cœur du dispositif médiatique. Comment déterminer alors une frontière entre texte et paratexte face aux innombrables configurations offertes par les franchises contemporaines ? Nous proposerons de nous servir de la notion d’intrigue, trop souvent marginalisée dans les études sur les narrations transmédiatiques, de manière à montrer que cette notion demeure un critère fondamental permettant de distinguer différents degrés d’intégration des lignes narratives. Nous verrons que certains récits impactent la trame globale de la narration transmédiatique, alors que d’autres ne sont pas des récits au sens plein du terme ou n’ont que la fonction marginale de remplir des interstices de la trame des événements, voire peuvent être rétrospectivement délégitimées au profit du récit principal porté par un média spécifique.

CROISADES ET BARBARIE ! QUEL IMAGINAIRE POLITIQUE DANS LES ŒUVRES MÉDIÉVALISTES À L’HEURE DU TRANSMÉDIA ?

Conférence animée par Anne Besson, de l’Université d’Arras, dans le cadre du séminaire L’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques organisé par l’équipe Textes et livres du Laboratoire Babel.

Coordinateur : Alessandro LEIDUAN

JEUDI 20 OCTOBRE 2022 à 15H30 – salle y013A

Prenant pour point de départ la toute récente parution du Dictionnaire du Moyen Âge imaginaire (dir. Anne Besson, William Blanc et Vincent Ferré, éditions Vendémiaire, sept. 2022), cette présentation portera sur le versant politique du « médiévalisme », terme désignant l’ensemble de nos représentations collectives du Moyen Âge. Comment la période médiévale réinventée nous sert-elle à penser le monde contemporain ? Il sera question à la fois du Moyen Âge dans le discours politique (quelles images du Moyen Âge dans les réflexions politiques et les commentaires sur l’actualité politique, en contexte socio-numérique notamment), et dans les fictions médiévalistes transmédiatiques (quelles lectures politiques, souvent multiples et divergentes, ont été proposées d’œuvres prétendant pourtant se passer dans un Moyen Âge alternatif, Seigneur des Anneaux, Game of Thrones, Kaamelott…), ces deux volets étant désormais inextricablement liés dans la mesure où ces mêmes fictions médiévalistes sont à leur tour réutilisées dans les usages socio-numériques actuels comme vecteurs de message et d’action politique.

PARADOXES ET UTOPIES QUEER DANS LA SÉRIALITÉ DES PLATEFORMES : LE CAS DE HEARTSTOPPER (NETFLIX 2022)

Conférence animée par Marta Boni, de l’Université de Montréal, dans le cadre du séminaire L’imaginaire transmédiatique et ses enjeux politiques organisé par l’équipe Textes et livres du Laboratoire Babel.

Coordinateur : Alessandro LEIDUAN

Vendredi 30 septembre 2022 à 10H30 – RDC de la BU de La Garde

Cette présentation propose d’aborder un phénomène très récent, la transmédialité de Heartstopper, une histoire d’amour entre deux garçons adolescents. Webcomics, puis roman graphique et ensuite série télévisée produite par Netflix, dès la diffusion de cette dernière, ce texte élargi devient terrain de discussions, controverses, appropriations de fans et autres formes de réécriture. Heartstopper joue la carte de l’optimisme et soulève, pour cela, l’éternel paradoxe de la télévision queer : la série propose-t-elle une utopie queer ou sert-elle simplement des impératifs commerciaux et idéologiques ? Si la réponse se situe certainement entre les deux, le trouble demeure : un média grand public peut-il être queer ? Choisissant d’aborder la transmédialité comme le résultat, en expansion constante, de la rencontre entre des contenus produits par l’industrie, d’un côté et de l’autre, des réponses des fans dans les espaces en ligne, nous aborderons les enjeux politiques liés à la production sérielle nord-américaine contemporaine et en particulier celle de Netflix, pour ce qui concerne l’inclusivité des sujets LGBTQIA+.